• Robot Thymio ou la synthèse parfaite de l’éducation du futur

         Les nouvelles technologies font partie du quotidien de tout un chacun mais lorsque se pose la question de savoir si les enseignants doivent les utiliser dans le cadre de leur cours, le sujet devient brûlant entre partisans et opposants.

        Petit tour d’horizon de ce que les nouvelles technologies telle que la robotique, et en particulier le robot Thymio, peut amener de bénéfique à l’éducation des jeunes.

    Robot Thymio en classe

         L’argument des sceptiques face à l’introduction des nouvelles technologies dans les écoles est qu’actuellement la très grande majorité des enfants utilise quotidiennement l’ordinateur ou des appareils mobiles, et que les adultes n’ont donc rien à leur apprendre. Face à ce raisonnement, il est assez simple de faire l’analogie avec une des matières fondamentales de la scolarité obligatoire, la langue française. En effet, il est admis que même si les enfants à leur entrée à l’école savent déjà parler la langue de Molière, ils vont l’étudier sous toutes ses coutures tout au long de leur cursus scolaire. Ceci est lié au fait que la société attend de la part des citoyens qu’ils ne sachent pas uniquement parler mais qu’ils maîtrisent de la forme la plus complète possible leur outil de communication.

         Ce qui s’applique à une branche fondamentale telle que le français, s’applique aussi à l’informatique car l’usage que peut en faire le jeune dans le cadre familial est bien souvent celle d’un spectateur passif. Face à cette constatation, la mission de l’enseignant est de faire passer le jeune d’un consommateur passif à celui d’un utilisateur actif qui comprend ces nouvelles technologies et qui par conséquent est plus à même d’en tirer les avantages tout en étant conscient des risques et dangers. Ceci dit, il reste le problème de savoir quels outils utiliser.

    Robot Thymio sous toutes ses coutures

         La robotique a deux avantages éducatifs. Il s’agit d’un domaine à la croisée de plusieurs matières telles que l’informatique, la mécanique et de l’électronique et qui bénéficie en général d’un intérêt certain de la part des jeunes. Néanmoins, la perception qu’ils ont des robots est souvent biaisée par les films et se limite souvent aux robots humanoïdes ou utilitaires tels que les robots aspirateurs. Ainsi, lorsqu’ils découvrent pour la première fois Thymio, ils sont en général assez surpris d’apprendre que ce boîtier blanc qui tient dans une main est un robot.

         Il faut dire que le design a été pensé pour être épuré afin de captiver autant les garçons que les filles, et pour être utilisé autant en enfantine qu’au lycée. La neutralité du look laisse place à la créativité de l’enfant ou du jeune qui peut notamment programmer les LEDS lumineuses pour customiser à volonté son robot. Thymio possède aussi des attaches compatibles avec des briques LEGO© ce qui permet d’explorer, pour les curieux de mécaniques et ceci dès 6 ans, les constructions les plus extravagantes.

         Sorti de sa boîte, Thymio est immédiatement utilisable et interactif grâce à une palette de six comportements préprogrammés. L’enseignant peut profiter de cette fonctionnalité pour faire découvrir la démarche scientifique aux plus jeunes, en invitant l’enfant à faire une hypothèse sur le fonctionnement de chaque comportement et à le vérifier par l’expérimentation. Il faut souligner que chaque capteur de Thymio est doté d’une visualisation de son activité, afin que l’enfant puisse comprendre ce que voit le robot et ceci sans ordinateur.

         Néanmoins, le principal intérêt de Thymio, c’est qu’il est programmable ! Lorsqu’on parle de programmation, la majorité des personnes imagine des lignes de textes incompréhensibles à la suite (si possible en vert sur un écran noir comme à l’époque des premiers ordinateurs).

    Thymio sur la planète Mars

         Que nenni ! Thymio a été pensé pour les enfants et ceci implique un langage de programmation simple utilisant des images mais qui permet de faire des choses complexes. Ainsi, en novembre dernier une centaine de jeunes à travers le monde, âgés de 8 à 13 ans, ont pu piloter à distance des Thymio grâce à la programmation graphique pour sauver une mission spatiale sur Mars. A la différence des concours habituels de robots où les équipes s’affrontent les unes contres les autres, les participants devaient collaborer tous ensemble à la bonne réalisations de la mission de sauvetage. Ainsi au-delà de la programmation, les jeunes ont dû apprendre à communiquer, s’organiser et gérer chaque étape avec des collègues qui étaient à des milliers de kilomètres de distance.

    Thymio déguisé en requin

         Mais revenons à la programmation. Pour les plus âgés, Thymio est programmable par texte comme le font les informaticiens professionnels et afin de passer du tout visuel au code, il est aussi possible de programmer en passant par le langage Blockly, similaire à Scratch et qui associe texte et icônes. Pour les plus mordus, Scratch est aussi disponible mais dans une version bêta.

         Enfin ce robot est totalement « open source » , ce qui permet d’en consulter les schémas électroniques, le code qui le gère et permet de le connecter à n’importe quel autre système informatique, du Raspberry PI au serveur LINUX pour les mordus du code. Un outil exceptionnel, donc, utilisé dans des écoles enfantines comme dans des programmes de recherche de la communauté Européenne.

         Bien entendu tout ceci n’aurait pas de sens si l’on occultait la formation des enseignants. Actuellement, 1 200 enseignants ont été formés à l’utilisation de Thymio et plus de 10 000 enfants l’ont utilisé en classe. Thymio n’est pas simplement un robot éducatif de plus. Thymio, c’est un ensemble de valeurs autour de la découverte, de la collaboration et du partage au service de l’éducation au monde numérique.

    Francesco Mondada
    Professeur de robotique à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, initiateur de nombreux projets de robotique éducative et de recherche (robots Khepera, e-puck ou Thymio) et particulièrement engagé dans l’application réelle des résultats de recherche, par exemple dans l’éducation primaire.


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